Ma première grossesse a fait de moi une mamange
Tout commence en mai 2019. Nous sommes mariés depuis 2 semaines et me voilà enceinte. Un mois avant je fêtais mes 30 ans, tout me réussit, quelle belle année 2019 ! C’est une première grossesse pour moi, un deuxième enfant pour mon mari. Tout se passe très bien, nos proches sont si heureux.
Nous profitons de belles vacances d'été en Corse à 2 et demi. Cependant avant les vacances, une petite ombre au tableau apparaît avec le résultat de la prise de sang, celle qui teste les marqueurs pour la trisomie 21. La sage-femme ne paraît pas inquiète mais elle nous prévoit une échographie chez un spécialiste le 16 septembre. Cette fameuse échographie arrive, jour d'anniversaire de mon mari.
C’est malheureusement le début de la descente aux enfers... Des malformations sont trouvées à notre fils : petit cœur, fente labiale, globes oculaires petits, ... Je n'arrive pas y croire. Ou je ne veux pas l’admettre. Quand le médecin nous dit que le bébé a un problème, j'ai l'impression qu'il nous fait une blague. Malheureusement non. Les jours qui suivent jusqu'à l'accouchement de notre fils ne quitteront jamais ma mémoire et mon cœur de mamange.
Nous sommes pris en charge par un service en maternité. Je réalise une amniocentèse le 24 septembre 2019. Le couperet tombe le 26 septembre : notre fils est atteint d'une trisomie 13.
On nous explique les conséquences de la T13 sur notre fils… Il y a de grandes chances qu’il meure in utéro. Son espérance de vive est d’un an maximum. Il aura de nombreux problèmes (enfant cardiaque, soucis de vue, de reins, et fente labiale rendant la nutrition très compliquée…)
Quelle vie allons-nous offrir à notre fils ? Des séjours à l'hôpital à répétition ? Des douleurs ? Des opérations ? Nous ne voulons de ça ni pour lui, ni pour nous. Et de mon côté, je continue à le sentir bouger en moi, je ne cesserai de m’attacher sachant que l'issue serait, à plus ou moins long terme, fatale.
Peut-être que certains me jugeront mais je n’ai pas le courage d’affronter cela. Bien qu’extrêmement déchirante, la décision doit être prise rapidement.
Nous choisissons de réaliser une IMG, Intervention Médicale de Grossesse. S’en suivent un nombre d'allers-retours à la maternité incalculable, une route qui m'est devenue insupportable.
J'accouche donc d'un bébé mort-né le 03 octobre 2019 à 19h12. Il pèse 370g et s'appelle Léandre. Mon fils, mon premier bébé, n'aura pas connu la vie.
Mon mari et moi pleurons toutes les larmes de notre corps. Comment est-ce possible ? Pourquoi nous ? 1/10000 que ce putain de chromosome 13 soit défaillant.
Le 09 octobre 2019 Léandre est enterré dans son tout petit cercueil blanc auprès de son papi. La vie doit reprendre après ça mais une partie de moi est partie avec lui.
La question d’à nouveau avoir un enfant ne se pose même pas et bébé deux se loge au creux de moi en avril 2020.
Aujourd'hui Côme a 15 mois et grâce à lui nos cœurs sont moins lourds.
Notre étoile veille sur nous.
Marie, 32 ans, mamange