Je suis une maman césarienne
Le 11 mai dans la matinée, je vais à la clinique pour une visite de contrôle, ma nouvelle routine depuis deux semaines. Mais une fois encore, le monitoring RCF n’est pas bon… Quand je suis sur le dos, le bébé ne répond pas correctement aux stimulations. En parallèle, les examens montrent un col encore complètement fermé et un bébé qui n’est pas du tout descendu. Ils appellent ça une excavation vide. Tous les signaux sont donc au rouge pour penser à un accouchement par voie normale et on commence à me préparer à l’idée d’une césarienne... dès que la gynécologue sera là, c’est-à-dire dans l’heure qui suit !
Ensuite, tout va très vite et je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir à ce qui se passe. Je dois prévenir mon mari qui, heureusement, n’est pas loin, répondre aux questions des docteurs, remplir des formulaires, m’installer dans ma chambre et prendre une douche antiseptique… Au fond de moi, je suis très déçue car pendant plusieurs mois on se prépare à son accouchement, on écrit un projet de naissance, on assiste à des cours de préparation… bref, on rêve son accouchement, et même si la césarienne est parfois évoquée, je l’avais laissée de côté dans un coin de ma tête, trop sûre que ce ne serait pas pour moi. Je me sentais confiante, ma grossesse se passait à merveille.
La présence de mon mari dans ce moment qui précède le bloc est très importante. Bien qu’il soit lui-même inquiet, à la fois pour moi et pour le bébé, il prend sur lui, me rassure et m’aide à concentrer mes émotions non sur l’accouchement que je n’aurai pas, mais sur la rencontre avec ma fille qui va arriver.
Le départ au bloc est difficile, mon mari n’a pas le droit de m’accompagner, on vivra donc la rencontre avec notre fille chacun de notre côté. On vient me chercher en fauteuil roulant ce qui me renvoie l’image d’être malade. Entre la blouse, la charlotte sur la tête et la désinfection complète, j’ai plus l’impression de partir me faire opérer que donner naissance… Cependant, sur le trajet, toute l’équipe soignante me souhaite un bon accouchement, et ces quelques mots qui peuvent sembler anodins me font beaucoup de bien.
Au bloc, une sage-femme m’explique tout ce qu’il va se passer et le rôle de chacun. Une fois encore, je réponds à des questions en attendant l’arrivée des médecins. Je suis très stressée, surtout par le fait de rester consciente pendant qu’ils ouvrent mon corps. En même temps, je ne voudrais pas être endormie pour l’arrivée de ma fille !
L’anesthésiste arrive, je m’assieds au bout de la table d’opération et il procède exactement comme pour une péridurale. Une sage-femme me tient les épaules et me décrit ce qui se passe dans mon dos pour me rassurer. C’est un peu douloureux mais j’ai surtout peur de la suite. Je sais que dans les minutes qui vont suivre je vais perdre la moitié de mon corps, un peu bizarre comme sensation…
Ensuite, je m’allonge et ils relèvent ma blouse pour faire comme un rideau. Je ne vois pas ce qu’il se passe de l’autre côté, j’ai les bras en croix, d’un côté la perfusion et de l’autre le tensiomètre, l’oxymètre et les battements de mon cœur. J’ai des picotements dans les mains à cause du stress. Je m’efforce de faire les exercices de respiration appris pendant les cours de préparation à l’accouchement.
Pendant l’opération, je ne perds pas la sensation du toucher malgré l’anesthésie, seule la douleur est absente. Ils commencent par poser une sonde urinaire que je garderai jusqu’au lendemain matin. Je suis vite saisie par une odeur très forte de brûlé, mais l’arrivée de ma fille est ensuite très rapide. J’entends son premier cri et je me mets à pleurer des torrents de larmes en même temps ! On m’explique qu’elle était enroulée dans le cordon, c’est qui l’empêchait de descendre. Ils me la posent quelques minutes sur la poitrine, mais ils doivent vite l’amener à son père car la température dans le bloc est très basse. L’opération continue pour moi et je me sens seule, le temps me parait long. Cette partie reste floue, j’ai l’impression de me sentir partir plusieurs fois, je suis dans les vapes…
Je reste ensuite deux heures en salle de réveil. On m’y amène ma fille pour la première tétée. C’est un moment magique. Ici aussi il fait froid, et ils doivent installer un chauffage d’appoint qui souffle sous les couvertures.
Au retour dans la chambre, je tremble malgré la chaleur car les effets de l’anesthésie s’estompent. Mon mari s’inquiète et c’est vrai que je dois faire peur à voir… L’opération est tout de même lourde et les suites sont difficiles… Mais nous sommes enfin une famille, tous les trois réunis.
Je n’ai pas le droit de quitter le lit. Pendant plusieurs heures, je ne peux ni boire ni manger car les intestins ont eux aussi été endormis. Ensuite, j’aurai droit à un régime semi-liquide jusqu’à ce que la digestion se remette en marche correctement, après environ 48h.
Le lendemain matin, on m’enlève la sonde et je dois régulièrement faire quelques pas. C’est extrêmement douloureux, il est difficile de rester en position verticale. Chaque mouvement est une épreuve, que ce soit debout ou dans le lit. Heureusement, toute l’équipe médicale est là pour nous soutenir et nous accompagner. Une fois encore, la présence de mon mari est primordiale. Heureusement qu’il peut rester jour et nuit avec moi car il m’est d’un grand soutien vu que je ne peux presque rien faire ! On quittera la clinique au bout de trois jours pour commencer notre nouvelle vie.
Avec le recul, je suis finalement très contente d'avoir eu une césarienne. Déjà, c’était la seule façon de faire naître ma fille puisqu'elle n’aurait pas pu descendre toute seule. Je suis donc reconnaissante que cette façon d’accoucher existe et qu’elle soit relativement sûre de nos jours. De plus, la césarienne aura permis au papa de vivre un moment particulier avec sa fille avec un peau à peau privilégié. De mon côté, la césarienne ne m’a pas empêché de créer un lien fort avec ma fille.
Et finalement, pour être honnête, je suis plutôt contente d’avoir échappée aux suites de couches d’un accouchement par voie basse…
Cécile, Maman de Rose
Crédit photo: Patricia prudente